Le matériel
La grande majorité des objectifs grands angulaires disponibles sur le marché offrent un grandissement relativement faible à leur distance minimale de mise au point. Ils offrent au mieux un rapport de reproduction de 0,1. Pour convertir votre grand-angle en optique pour la proxiphoto, vous pouvez l’associer avec une bague allonge très courte. Il faut ici choisir le modèle qui allonge le moins possible le tirage, soit 10 à 12 mm selon les marques (voir encadré «Le grand-angle pour la photo rapprochée»). Cela peut sembler étrange a priori, mais un 24 mm associé à une bague de 12 mm reproduira le sujet dans un rapport 0,5 alors que la bague de mise au point est réglée sur l’infini. La distance de travail d’un tel couple devient si courte qu’il est quasiment impossible de prendre une photo car le sujet se trouve dans le pare-soleil. L’association de la même bague-allonge de 12 mm avec un grand-angle de 35 mm est beaucoup plus intéressante. Le rapport de reproduction obtenu est de 0,3 et la distance de travail, certes très courte, peut être exploitée moyennant quelques précautions. Bien que cette solution limite grandement le choix des cadrages possibles à cause du grandissement minimal imposé par la longueur de la bague, je vous conseille de passer par cette étape intermédiaire pour tester vos goûts en matière de proxiphoto au grand-angle.
Il existe toutefois quelques rares grands-angles qui possèdent une rampe de mise au point démultipliée qui donne accès à la proxiphoto sans recourir à un accessoire. Plus précisément, Sigma commercialise un grand-angle parfait pour découvrir cette nouvelle manière de photographier en gros plan. Il s’agit du Sigma EX 24 mm f/1,8 DG Macro. Cette optique n’est pas exempte de défauts et, notamment, ses performances optiques à grande ouverture sont modestes. Mais, en fermant le diaphragme, on peut obtenir de bons résultats. Et, surtout, ce 24 mm Sigma descend jusqu’au rapport de reproduction de 0,4 sans accessoire ! C’est cet objectif qui m’a fait prendre conscience de l’intérêt d’utiliser le grand-angle pour certaines proxiphotos.
Mais c’est un autre objectif que j’utilise aujourd’hui, une optique qui n’est pas destinée a priori à l’amateur de macro : un 24 mm à décentrement et bascule. Le 24 mm PC-E de Nikon ou le 24 mm TS-E II de Canon combine une rampe de mise au point démultipliée pour des plans serrés avec des possibilités de maîtrise du cadrage et du plan de netteté très utiles en proxi et, tout ceci avec des qualités optiques de haut vol. Ces deux 24 mm constituent sans doute des «must have» pour tout pro de la photo de nature. Je reviendrai plus loin sur l’intérêt des fonctions de décentrement et de bascule en proxiphoto.
Un dernier accessoire doit être cité ici car il est d’un usage très courant lorsqu’on recherche des cadrages originaux. Il s’agit du viseur d’angle qui est indispensable pour travailler confortablement au ras du sol. Un modèle pourvu d’une loupe grossissant à la demande le centre du viseur rend de grands services pour régler finement la mise au point.
Dans certains cas, le mode LiveView disponible sur les reflex numériques récents est également très pratique pour aider à composer l’image alors que le boîtier se trouve dans une position très acrobatique. Les fonctions intégrées au LiveView pour contrôler l’histogramme avant le déclenchement ou pour zoomer sur une zone de l’image fournissent un confort de travail incroyable.
L'approche
Placer son appareil à seulement quelques centimètres du sujet n’est pas chose aisée. D’abord, lorsqu’on photographie un insecte, il faut faire en sorte que l’animal ne prenne pas la fuite à l’approche de l’énorme objectif. Il faut appliquer un principe toujours valable en macro : travailler de préférence tôt le matin ou tard le soir. De même, un papillon occupé à butiner une fleur sera beaucoup moins sensible à l’approche du photographe que s’il est posé au sol au milieu d’un sentier. Avec un grand-angle, il faut sélectionner les conditions dans lesquelles les animaux se laissent approcher plus aisément.
Puis, lorsque vous serez occupés à régler le cadrage et la mise au point l’œil dans le viseur, n’oubliez pas que votre objectif ne se trouve qu’à quelques centimètres du sujet. Il faut autant que possible anticiper les réglages afin d’éviter de manipuler le boîtier à quelques centimètres d’un insecte. Si vous devez tout de même modifier un paramètre, bougez vos doigts très lentement. Quoi qu’il en soit, le taux de réussite d’une proxiphoto prise au grand-angle reste plus faible que la même image prise avec une optique macro de longue focale car les conditions de travail sont plus exigeantes.